Ateliers thématiques

Au cours des cinq dernières années, la question du pilotage des actifs immatériels (systèmes d’information, recherche, publicité, formation…) est apparue comme centrale au sein des entreprises et des organisations : ces actifs constituent désormais près de 50% de l’investissement total dans les économies complexes ; pour autant, les dirigeants et les parties prenantes de l’entreprise n’ont pas réellement déployé les efforts d’outillage leur permettant de tirer pleinement parti de ces actifs. Il est vrai que leur caractère combinatoire, volatile et risqué empêche toute approche mécaniste de leur pilotage et de leur management.

Dans le cadre de son programme d’activités, la Chaire organise des journées thématiques destinées à faire le point sur l’état de l’art de la recherche et de l’action liée pour les principales composantes du capital immatériel.

Systèmes d’information

Les systèmes d’information et les actifs liés (patrimoine applicatifs et compétences clés en particulier) constituent une ossature centrale des actifs de l’entreprise et des organisations publiques, largement sous-estimée par les dirigeants et les analystes. Ils renvoient pourtant à plus 25% de l’investissement total des entreprises.

L’urgence de cet effort de clarification des modalités de pilotage est renforcée par le contexte de crise, dans lequel les décisions d’investissement et de redéploiement des ressources, peuvent être prises sans réels instruments de navigation. Le discours actuel sur le « retour sur les fondamentaux » ne peut s’abstraire de la réalité des entreprises et de leurs modèles économiques, désormais peu linéaires et dominés par ces dits actifs.

Les systèmes d’information, à l’exemple d’autres ressources immatérielles des entreprises, sont en effet soumises à de fortes contraintes d’explicitation- et de mesure- de la valeur créée. Si l’on extrapole les données américaines, le marché cible de l’évaluation au niveau mondial se situerait entre 2 à 4% du PIB mondial, soit entre 830 Mds et 1620 Mds de $ d’investissements à évaluer au plan mondial.

La question de la valeur est accentuée par l’émergence de normes de types IFRS pour les immatériels ainsi que plus généralement par la tendance à l’émergence de standards de reporting entre fonctions ainsi qu’entre entreprises.

Capital organisationnel, design organisationnel

Dans le contexte de l’économie de la connaissance, la façon dont les organisations mènent leurs activités est profondément remise en cause. Alors que les technologies de l’information et de la communication induisent de plus en plus de pressions, articulant à la fois décentralisation et centralisation. Les entreprises elles-mêmes ont initié de nouvelles pratiques de gestion (externalisation, mise en réseau, et construction d’actifs immatériels conjoints), qui viennent remettre en cause leurs routines organisationnelles les plus établies.

A un niveau plus analytique, au cours des cinq dernières années, plusieurs théories et travaux ont souligné l’importance la dimension de l’organisation comme un élément clé pour le développement de l’avantage concurrentiel des organisations. L’approche par les ressources et la théorie des capacités dynamiques approches sont parmi celles des théories qui ont particulièrement mis en avant cette dimension. Plusieurs chercheurs a tenté de circonscrire les notions de capital organisationnel / design organisationnel, en les considérant du point de vue de la perspective générale des actifs immatériels. Certains d’entre eux estiment que le capital organisationnel/ design organisationnel peuvent être définis en relation étroite avec le capital humain, la formation et la conception des condition du travail ; d’autres mettent davantage l’accent sur la dimension processus. Pourtant, ces notions en tant que telles – en dépit de leur pertinence et leur attrait indubitables, doit être encore clarifiées, et ce à partir d’au moins quatre perspectives: une perspective analytique (épistémique) – quel est le statut du capital organisationnel comme concept? Comment le définir? Une perspective ontologique- quel type d’ordre (implicite) peut être défini au sein et autour des organisations, en particulier dans un contexte dominé par une forte faiblesse des liens sociaux, une perspective de mesure, – quels types d’indicateurs définir et déployer, et enfin, la perspective de mise en oeuvre: Comment les organisations peuvent-elles intégrer le capital organisationnel dans la définition et la mise en œuvre de leurs stratégies pour l’allocation des ressources.

L’innovation Ouverte

Les stratégies d’innovation des entreprises ont été fortement influencées récemment par l’urgente nécessité de la coopération et de l’articulation avec des sources externes plus ou moins proches. C’est ce que recouvre peu ou prou le terme « Innovation ouverte » (Open innovation). Si cette nécessité est indiscutable, pour des raisons d’évolution technologique, d’optimisation des investissements et d’opportunités ouvertes par les technologies de l’information et de nouveaux espaces de création de valeur– au premier rang desquels les réseaux sociaux-, nous ne disposons pas encore d’une vision articulée et intégrée des pratiques des entreprises (au-delà de cas isolés de succès), des barrières et des possibles limites à l’innovation ouverte.

C’est l’objet de cette première enquête européenne, initiée récemment par la Chaire européenne de management de l’immatériel de l’Université Paris-Sud, en coopération avec L’université de Zeppelin en Allemagne. Son objectif est principalement de fournir une vision fine de l’état des pratiques des entreprises européennes (en particulier en France et en Allemagne) et de leur niveau de maturité en termes d’innovation ouverte.

Propriété intellectuelle, Réseaux et marchés de la connaissance et communautés
IPRs, Knowledge markets, Networks and Communities

“Knowledge markets, knowledge Flows” are one of the “hub topics” under which we consider the deep transformation of the ways knowledge is shared, circulated and transacted in the knowledge economy. From the research , business and policy agendas perspectives, four problematic points and arguments, at least, can be put forward:

  1. The articulation / equilibrium between transaction and information (knowledge flow). Indeed, under the industrial view, transaction is the hub of value creation. Transaction is expressed into monetary terms. Economic agents create value; whereas their customers destroy it (by consuming it). In the knowledge economy, value is created by co-production. Transaction is only one dimension of the value process. Information (knowledge) flow is an important aspect of the value creation process. Constellation (interstices) is a complementary way of value creation to sequences.
  2. The issue of joint assets. Behind the constellation paradigm, lies the issue of considering value process from a systemic perspective, e.g. by considering organisational interstices as the hub of value creation. This of course calls for a deep shift in our thinking from the corporation as the unit of analysis (including in terms of accounting) to joint organisations as the new hub for value. Hence the importance of joint intangible assets as an important perspective.
  3. The emergence of new forms of “transacting”, targeting primarily intangibles. Indeed, intangibles are more and more the subject of ad hoc autonomous markets. This is already observable for patents, with auctions (e.g. the OCEAN TOMO model), and also with unexpected field of experimentation, such as individual competences. Intangibles are no longer to be addressed as only as “inputs” in the “production process”, but also as autonomous items, potentially transactable in different marketplaces. This of course creates an open space for new players, but also poses important problems in terms of valuation and securisation. This process of autonomisation of intangibles is certainly an important tendency that should be better documented and evaluated by academic research.
  4. And more generally, the issue of new forms of organising, e.g. new Business Models. Business models for IPRs of course, … more generally business models for knowledge flows. Here the main issue is understanding the dynamics of emerging practices while modeling them. At the outcome, what should be achieved is the definition of the structure of governance the most adapted to the requirements of these new forms of organising.

Cultures, musées et savoirs traditionnels

Les musées ont développé une extraordinaire énergie depuis ces dernières années afin de trouver de nouveaux paradigmes de développement pour répondre aux critères ambitieux d’excellence culturelle, tout en assurant parallèlement le développement des ressources budgétaires nécessaires pour atteindre ces objectifs dans un contexte de contraintes financières plus aigues. Certaines parties du monde ont promu de nouveaux axes de coopération dans lesquels les musées peuvent valoriser leur nom, réputation, expertise, savoir-faire, etc. afin de renforcer l’impact et le rayonnement de leur action au sein d’une communauté internationale des musées en forte évolution. Le Louvre, le musée Guggenheim, British Museum, Versailles, Orsay et bien d’autres institutions ont démontré à travers la variété et l’ambition de leurs projets (notamment internationaux), la valeur de leur capital immatériel (Bilbao, Abu Dhabi, expositions itinérantes, …). Si ces projets sont porteurs de développement tout en recherchant une excellence culturelle, ils n’en restent pas moins aussi sujets à débats, donnant par là-même un contexte particulier au cas de la culture et singulièrement à celui des musées.

Le séminaire vise à créer un forum d’échange et de recherche entre le monde académique et les professionnels de la gestion des musées, tout en rassemblant l’expérience de divers acteurs qui jouent un rôle important sur la notion de développement des musées.

Régions, villes et « classes créatives »

Dans l’économie de la connaissance, et dans le contexte d’une urbanisation globale, les villes, – comme « communautés naturelles », sont généralement considérées comme des structures institutionnelles importantes pour le développement collectif durable. La question de l’innovation et de la « créativité » est généralement considérée comme l’un des leviers les plus prometteurs pour atteindre un tel objectif à long terme, et accroître l’attractivité des villes. C’est dans ce contexte que plusieurs cadres conceptuels – parfois discutés – ont été proposés, y compris en particulier pour élaborer des politiques publiques (la « classe créative » de Florida est parmi ceux des cadres discutés). Plusieurs modèles de notation ont également été proposés pour les villes en fonction de différents critères d’innovation et d’attractivité. Mais aucun accord n’a été réalisé jusqu’à présent entre les chercheurs et les décideurs, sur la façon de mesurer l’innovation dans les villes d’une manière acceptable par le plus grand nombre.

Actifs immatériels du secteur public

Au sein des entreprises privées, nous assistons à une réelle prise de conscience de la valeur de ces actifs immatériels dans le processus de création de valeur, mais le secteur public n’est pas en reste.

Cette conférence vise à favoriser les échanges entre administrations avec la participation de dirigeants ayant mené des projets concrets de valorisation de certains de leurs actifs immatériels. Une attention particulière sera portée sur les savoir-faire et le capital marque des administrations. L’objectif est de montrer comment ces actions de valorisation contribuent à la modernisation des services publics.

Une gestion active du patrimoine immatériel est également un levier d’action pour les établissements d’enseignement supérieur et de recherche pour se développer dans un contexte de concurrence accrue au niveau international. Un point sera réalisé sur des outils de pilotage du patrimoine immatériel des universités et du secteur public en général.